Une des facettes de mon activité d’écriture est l’écriture pratique, l’écriture publique. Je veux parler de mon activité d’écrivain public bénévole. Je viens de passer une demi-journée à pratiquer cette activité. Cela se déroule dans une association à but non lucratif qui, d’une part aide des jeunes de milieux défavorisés à voyager et rencontrer d’autres cultures et à s’investir dans leurs projets, et d’autre part aide des personnes de tout âge, de milieu défavorisé toujours, à se réinsérer au niveau de l’emploi, en leur donnant des formations utiles à la recherche d’emploi mais aussi en fournissant un service d’écrivain public.

Qu’est-ce
que je fais alors? J’écris toutes sortes de courriers administratifs, que
j’envoie parfois directement par le biais des services web des organisations
concernées, ou que je tape sur traitement de texte avant de les imprimer et les
faire signer par l’intéressé. Les destinataires peuvent être la CAF, les
organismes d’HLM, une caisse primaire d’assurance maladie, etc. Il arrive qu’il
s’agisse aussi d’un courrier à un propriétaire ou un simple mémo qui permettra
à l’intéressé de présenter son cas, car il ne s’exprime pas bien en français et
il avait besoin qu’on mette sa situation à plat par écrit pour se faire
comprendre. Souvent, il s’agit de remplir des formulaires et de vérifier que
les intéressés ont réussi à compiler tous les justificatifs qui seront
nécessaires pour que leur dossier soit accepté. Je remplis ainsi un grand
nombre de demandes de naturalisation ou de cartes de séjour. Il m’arrive de
devoir lire au lieu d’écrire: je lis à des personnes le courrier qu’ils
reçoivent. Là où cela se révèle vraiment difficile, c’est lorsque ce courrier
est écrit en une langue étrangère et j’essaie alors de deviner la prononciation
voulue pour que la personne comprenne de quoi il s’agit.
Je dois pourtant parfois refuser de rendre certains services parce que je ne
suis pas compétente en la matière: par exemple, je n’ai pas de formation
juridique et il m’est absolument interdit de conseiller à ce niveau. Je
n’accepterais pas non plus de remplir une déclaration d’impôts. Pour ce qui est
du juridique, je tente de diriger les personnes concernées vers d’autres
associations qui offrent une aide juridique gratuite. Pour les impôts, je les
incite fortement à se faire aider par leur famille.
Cette activité me fait rencontrer des personnes qui ont des vies très
difficiles et souvent des parcours très intéressants. J’ai rencontré des
personnes, qui, en France aujourd’hui, travaillent comme agents d’entretien
alors qu’ils avaient des emplois de psychologue, phoniatre ou que sais-je? Ce
n’est pas toujours le cas, bien sûr. La dernière famille que j’ai rencontrée
était partie à cause de la guerre: aujourd’hui la municipalité où ils vivaient
autrefois a été entièrement rasée par les bombes. Cela vous fait relativiser
vos propres problèmes.
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